Je n’ai pas décidé d’écrire un journal.
En 2007 j’achetai mon premier carnet Moleskine noir – auparavant j’avais écrit sur des feuilles volantes. Je commençai à y écrire quelque chose comme une nouvelle, un roman. 
Dans les marges ont commencé à s’écrire d’autres mots, sédiments du plus vif de la vie, et de l’analyse. Le plus vif, condensé en gouttes de sang ou d’encre – n’est-ce pas la même matière ? – tombées sur le papier.

En 2017 j’eus la curiosité de rassembler les carnets noirs, de les parcourir.
Dix années se dépliaient sous mes yeux. Une traversée du temps.
Une traversée de “moi”, aussi. Qui avais-je été, en 2008 ? En 2013 ? En 2017 ? 
Pas la même. 
Psychanalyse en cours, en parallèle. Le chemin parcouru. “Moi” traversée par la vie, traversée par l’analyse. De l’analysante à l’analyste, qui ne fait pas disparaître l’analysante pour autant.
Et à travers les pages, une quête, une lutte. Lutter pour dégager la possibilité de la parole, de l’espace, du mouvement désirant, du souffle, de l’incandescence du vivant. 

Les premières années, quelques pages à peine, au fil entrecoupé de mois de silence, abîmes, lacs de silence et je m’y noyais.
L’écriture se fit plus fréquente – le fil se tissait, s’épaississait, effets de la cure, effets de la vie, ne pas lâcher le fil, apprendre à marcher sur le fil, tendu entre deux points du chaos du monde.

à l’incandescence du vivant!..

Cyrielle W.

 
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